Voulait-il vraiment dire ça ? Olivier Dussopt, ministre du Travail, déclarait le 7 septembre sur France Info « Le drame, c’est que nous ayons des emplois non pourvus (…), c’est mauvais pour le pays ».
L’expression circulante « emplois non pourvus » ne correspond à aucune catégorie statistique : l’Insee ne les compte pas. D’où viennent les chiffres avancés par le gouvernement ?
L’expression ferait référence à « des emplois qui ne trouvent pas preneurs » (du boulot de nuit de 2h payées au Smic au CDI à 2000€ brut) or, par définition, 100% des emplois sont « non pourvus » le temps de trouver preneur·se.
En revanche, les emplois vacants sont suivis par l’Insee en France et Eurostat en Europe. La notion d’emploi vacant fait référence à un emploi disponible. Qu’il y ait des emplois disponibles est très positif : cela signifie qu’il y a des créations d’emplois.
Une communication responsable impliquerait de diffuser une donnée fiable. Cela s’appellerait alors de l’information.
💡 La donnée fiable : le nombre de recrutements annuels publié par l’Urssaf.
Chaque fois qu’un·e employeur·se veut embaucher, iel doit signer une déclaration unique d’embauche. Chaque année, 25 millions de déclarations uniques d’embauche sont signées. Ainsi, même s’il y avait bien 500 000 emplois « non pourvus » (ce qui n’est pas vrai puisqu’on l’a vu, les emplois non pourvus ne sont pas mesurables), cela ne représenterait même pas 2 %… Donc 98% des emplois sont pourvus (même les 2h de nuit payées au Smic).
La question qu’on pourrait se poser : à qui profite le drame ?
Sources :
- INSEE
- Emplois non pourvus : une offensive contre le salariat d’Hadrien Clouet, sociologue du travail
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Juliette Raynaud